Mai 2014 • volume 2, numéro 2
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Le capelan : portrait de la bête

 

Ce petit poisson olivâtre vit dans les eaux froides des hautes mers de l'hémisphère nord et fait partie de la même famille que l'éperlan arc-en-ciel, soit les osméridés. Son nom latin, Mallotus villosus, signifie villosité, ou poil, et fait référence à la bande de poils trouvée sur sa ligne latérale.

 

Bien qu'on le retrouve dans tous les océans de l'hémisphère nord, sa distribution est inégale et varie localement selon la température de l'eau. De ce fait, on considère le capelan comme une espèce « thermomètre » : sa répartition peut s'étendre plus au sud, parfois même jusqu'au golfe du Maine, les années où l'eau est plus froide.

 

Une étude récente1 sur la génétique des capelans des trois océans arrive à les classer en quatre grands groupes :

 

  • Nord-ouest de l’Atlantique, incluant la baie d’Hudson
  • De l’ouest du Groenland jusqu’à la mer de Barents (nord de la Norvège et de la Russie)
  • Océan Arctique
  • Nord-est du Pacifique

 

 
La manne!

© Alain Chiasson

Chez nous (nord-ouest de l'Atlantique), on trouve le capelan des côtes de Terre-Neuve et du Labrador jusque dans l'estuaire du Saint-Laurent, en passant par les Grands Bacs et le golfe. Les capelans de la zone Saint-Laurent peuvent mesurer jusqu'à 20 cm de longueur, mais sont apparemment surclassés par ceux de la côte du Labrador, dont la taille peut atteindre près des 30 cm.

 

Le capelan occupe une place de très grande importance dans l'écosystème du Saint-Laurent, étant une espèce servant de nourriture à tellement d'autres : morues, flétans, plies, saumons, dauphins, marsouins, rorquals, bélugas, phoques, fous de Bassan et autres oiseaux marins... C'est pourquoi, par exemple, les observateurs notent souvent que l'arrivée des baleines concorde avec la période de la fraie du capelan; elles suivent les bancs de poissons qui migrent intensivement vers les côtes pour venir se reproduire!

 

La fraie correspond au moment où le capelan vient pondre sur les berges de sable ou de gravier fin. Profitant des marées pour atterrir sur les plages et les grèves, on dit alors qu'il « roule », à cause du mouvement créé par le banc de poissons. La ponte a lieu préférablement lorsque la température de l'eau se tient entre 6 et 10 °C, souvent la nuit, entre la mi-avril et le mois de juillet dans l'estuaire et le golfe.

 

En période de fraie, vous pourrez distinguer le mâle de la femelle non seulement par la taille (le mâle étant plus long), mais aussi par des variations dans la morphologie : le ventre de la femelle sera rebondi, car gonflé d'œufs, alors que le mâle aura les nageoires pectorales et anales surdéveloppées, puisqu'il s'en sert pour s'agripper à la femelle et creuser le sable pour y enterrer œufs et laitance.

 

Typiquement, les mâles atteignent les sites de ponte avant les femelles. Ainsi, à l'arrivée de ces dernières, les mâles s'y agrippent et s'amorce l'accouplement : les poissons creusent le sol à l'aide de leur queue; les femelles déposent leurs œufs, et les mâles, la laitance. Les œufs sont naturellement recouverts d'une substance rougeâtre et collante qui leur permet de se fixer au substrat (sabler ou gravier), jusqu'à l'éclosion. Cette activité de reproduction est si intense pour le poisson, qu'une majorité (surtout des mâles), épuisée ou blessée, mourra sur la grève.

 

Le capelan peut aussi frayer en eaux plus profondes. Toujours sur des fonds de sable ou de gravier, on trouve des frayères à des profondeurs de 280 mètres environ, sur des sites où les œufs profitent d'une bonne oxygénation.

 

La maturité sexuelle du capelan arrive vers l'âge de trois ans, et s'il survit à ses premières fraies (et aux prédateurs!), sa longévité l'amènera à vivre jusqu'à cinq ou six ans.

 

Compte tenu de l'écologie particulière du capelan, et de la manne spectaculaire que représente la période de fraie, il est primordial de toujours mieux connaître les sites les plus souvent fréquentés, et de les préserver. Il est tout aussi primordial d'adopter des comportements respectueux envers nos plages. Éviter de circuler en véhicules sur les plages, surtout à marée basse, en est un bon exemple. Ceci évitera d'écraser les œufs en attente d'éclore, ce qui aidera à perpétuer le cycle du capelan, une fête pour les Nord-Côtiers!

 

 

1 Dodson, J.J. et al. Blackwell Publishing Ltd Trans-Arctic dispersals and the evolution of a circumpolar marine fish species complex, the capelin (Mallotus villosus). Molecular Ecology (2007) 16, 5030–5043.

 

Source: MPO (2012). Observation de la fraie du capelan. http://www.qc.dfo-mpo.gc.ca/signaler-report/ROC-CON/capelan-capelin-fra-2.html